L'éveil du théâtre

 

En quelques paragraphes, quelques phrases, quelques mots seulement, un retour sur mon année au théâtre avec ci-dessous tous les spectacles que j'ai pu voir, pour vous en parler un peu, n'ayant pas toujours eu le temps de le faire.

La vie est un rêve de Calderon - mis en scène par Jacques Vincey - Bande-annonce ~ THÉÂTRE
La mise en scène épurée, sans y perdre beauté, créativité et majestuosité, d'un texte parfois long mais profond et passionnant, interprété avec force par des acteurs à qui on a fait travailler la voix, l'articulation jusqu'au bout ... pour un résultat bluffant.
Le premier spectacle de l'année dans un univers esthétique séduisant, entre la froideur d'un château au pouvoir étouffant et la chaleur orientale d'une prison de rêves.


Exit - compagnie Pyramid - Bande-annonce ~ DANSE (hip-hop)
J'attendais beaucoup de ce nouveau spectacle de Pyramid, le dernier s'étant déroulé dans le théâtre de la ville d'origine de la compagnie dans une ambiance déchaînée. Ca avait été un immense plaisir et cette nouvelle création me laisse indécis. Séduit par l'univers particulier mais peu transporté.
Beaucoup d'idées dans Exit. De très belles images et une performance dansée toujours aussi impressionnante. Malgré tout, je suis resté hermétique à cet univers ... futuriste.




Le conte d'hiver de Shakespeare - Patrick Pineau ~ THÉÂTRE
Enchaîner une générale (Exit) avec du Shakespeare ? Dur. Surtout la première partie. Mais quand la deuxième part dans quelque chose de plus enlevé, voire burlesque, on se réveille ... n'empêche que dans la première, les passages qui m'ont vraiment plus sont les changements: sombres, puissants et en musique !
Peu de souvenirs marquants de ce spectacle. Mais une énergie débordante, une scénographie qui semble multiplier les espaces de jeu par des vidéos, des jeux de vitre et de miroir ... comme autant de couches de la réalité qu'il est si difficile de détacher les unes des autres pour s'y retrouver.


Je danse toujours de Timothée de Fombelle - Etienne Guichard ~ THÉÂTRE
Petit théâtre parisien, entre deux journées au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Une pièce de mon auteur préféré mise en scène avec Clémence Poesy. Les mots prennent vie, voix et j'ai l'impression, enfin, de saisir le texte: ses nuances, détours, chemins. Tout cela grâce au jeu sensible d'une jeune actrice talentueuse et à une scénographie simple mais forte.
Une femme perdue dans les mots (ceux, si beaux, de Timothée de Fombelle), dans la guerre, dans sa vie et dans l'obscurité de cet ensemble qui naît grâce à un jeu de lumières astucieux, un seul/mur bibliothèque, une porte derrière laquelle tout semble possible et une table une chaise une lampe ... une machine à écrire.

http://eveil-theatre.blogspot.com/2014/03/tempus-fugit.htmlTempus fugit ? Une ballade sur le chemin perdu - Cirque Plume ~ ARTS DE LA PISTE
" Un poème. Des images extraordinaires créées par des décors simples ... mais il suffit de peu justement pour créer beaucoup. Créées par un univers lumineux puissant. Par un univers sonore et musical splendide. Et le tout n'est que poésie. On rit on sent les larmes au coin des yeux on redevient enfant et on grandit et le temps passe passe s'écoule fuit court virevolte. Danse.
Le cirque Plume est un sublime poème en un acte puissamment marquant. De quoi s'en mettre plein les sens ... et toucher à l'éternité entre le tic et le tac de nos vies quotidiennes. " (cliquez sur l'image)

Frankenstein de Mary Shelly adapté par Fabrice Melquiot - Paul Desvaux ~ THÉÂTRE
 Intrigué de voir une adaptation de ce roman étudié par extraits en 3è. Finalement un peu déçu tout en étant touché. Déçu par cette création qui a tendance a resté dans un juste milieu un peu fade alors que le jeu de Mary Shelley, tout en étincelles, aurait pu s'enflammer, alors que cette pauvre créature devenue une simple marionnette aux mains d'une humanité qui le dépasse, touche mais n'émeut réellement qu'à la toute fin.
De très belles idées dans cette mise en scène, assurément, puisqu'elle crée un spectacle ... lui-même explorant le thème de la création. Mary Shelley qui tisse sous les yeux du spectacteur l'intrigue de son futur roman. Frankenstein qui tente de créer un homme ... or un Homme se caractérise par son enfance, lui, seul animal en avoir une. Et cela Frankenstein semble l'avoir oublié. Sa créature n'est finalement qu'un enfant, perdu, dans le besoin d'une figure ... de père. Frankenstein l'ignore sans doute, mais il a réussi.

L'idiot d'après Dostoïevsky - Laurence Andréini ~ THÉÂTRE
Une pièce qui dure plus longtemps que prévue, l'attention qui finit par faner sous la tension de cette longueur et des pensées terre-à-terre qui partent ailleurs que cet univers est pourtant si profond, intéressant et passionnant. Un Michkyne très attachant qui ne sort pas de scène une seule fois se perd sous nos yeux dans les méandres des relations humaines, lui qui dit tout si directement, lui qui dit tout sincèrement.
La réflexion de Laurence Andréini, avec qui j'ai pu travailler pour le BAC (pour Cendrillon de Joël Pommerat), est une fois de plus mise au service d'une mise en scène recherchée et d'un univers esthétique épatant. Il y avait beaucoup à voir de cette pièce. Si seulement j'avais pu y être plus réceptif, dans de meilleures conditions.


http://eveil-theatre.blogspot.com/2014/03/tout-mon-amour.htmlTout mon amour de Lauren Mauvignier - Rodolphe Dana - Extraits ~ THÉÂTRE
" Le texte est puissant, d'une force ravageuse par l'histoire, la situation, les mots. Parce que l'Homme apparaît dans sa noirceur. Parce que l'Homme aussi apparaît dans ses angoisses et ses tourments. Parce que la bulle de chagrin, de stress, de tension, de mots tus gonfle gonfle gonfle et finit par exploser. Et à ce moment, c'est tout qui explose. Les mots, les discours, l'atmosphère, la famille ... et nos pauvres émotions de spectateur.
Oui, je suis vraiment ressorti de cette pièce ravagé. Chamboulé par un texte à la puissance indéniable. Bouleversé par un jeu d'acteur d'une intensité, d'une sensibilité, d'une justesse poignantes. Touché, ému, ravagé. La pièce m'a trotté dans la tête toute la soirée, tout le lendemain ... et aujourd'hui encore, quand j'y repense, c'est les pensées chaotiques et le cœur serré." (cliquez sur l'image)

Une année sans été de Catherine Anne - Joël Pommerat ~ THÉÂTRE
Première pièce que Joël Pommerat met en scène sans que le texte ne soit de son cru ... et pourtant, il en est proche et il prend, dans son regard, une grande puissance. Ces mots sont simples et sincères, nus et naturels, touchants. Cette mise en scène toujours aussi épurée, et peut-être même bien plus sombre que jamais, bien plus incolore, froide, étrangère.
C'était la première fois que je voyais un Pommerat en vrai et j'en suis ressorti complètement chamboulé. Touché par le texte. Ému par cette histoire mise en scène avec force. Bouleversé par l'univers lumineux qui laisse parfois apparaître un mince rayon d'espoir et l'univers sonore terriblement prenant dans un final musical poignant. Mais surtout tourmenté par les voix de ces trois adolescents, trois souffles, posés et étonnamment doux, alors que les traverse un élan désespéré vers la vie.


La Verità d'après la toile de Dali - Compagnie Finzi Pasca - Bande-annonce ~ ARTS DE LA PISTE
Ce spectacle a une histoire hors du commun. Une oeuvre d'art qui a disparu pendant près de 70 ans. Elle ressurgit soudain, mystérieusement, sans qu'on ne sache d'où, et on propose à ce metteur en scène de lui prêter la toile pendant 6 ans à condition qu'il crée un spectacle autour de cette oeuvre ... et garde l'idendité de la société prêtant l'oeuvre secrète. Le spectacle en lui-même ? Unique, à couper le souffle, des images insolites et splendides, un univers surréaliste bluffant, des artistes au talent indéniable, de la poésie, du rire, une esthétique sonore endiablée, un spectacle comme je n'en avais jamais vu, au cœur duquel il y a cette œuvre d'art de 9 mètres sur 15, cette œuvre d'art fascinante ... un spectacle dont je suis ressorti comblé au-delà de toute espérance, dont je suis ressorti comme si le temps avait disparu. Comme si le monde avait changé.

L'annonce faite à Marie de Paul Claudel - Yves Beaunesne ~ THÉÂTRE
Des longueurs dans le texte de Claudel ? Pas quand l'univers esthétique d'Yves Beaunesne se met à son service pour y insérer entre certaines scènes de superbes moments chantés et interprétés avec beaucoup de beauté par les comédiens. Pas quand le talent de ces comédiens vient incarner avec beaucoup de justesse et d'émotion des personnages riches et tourmentés. Pas quand la voix de Judith Chemla, en laquelle vit une candeur et un élan bouleversants, vient donner vie à Violaine.  Je suis ressorti de cette pièce étonnamment touché. Je ne pensais trouver dans un texte si difficile une telle passion, une telle fascination. Si la beauté de la plume de Claudel et de sa foi qui enflamme ses mots y sont pour quelques choses, tant d'émotion n'aurait pas été possible sans le talent des comédiens, la voix de Judit Chemla et d'incroyables chants.

Un chapeau de paille d'Italie d'Eugène Labiche - Giorgio Barberio Corsetti ~ THÉÂTRE
J'ai eu la chance, pour la première fois, d'aller à la Comédie française. Et j'ai été émerveillé par le lieu: luxe oui mais une grande classe et une grande beauté. Et, je l'avoue, j'avais de la comédie française une crainte: celle du démodé, un jeu un peu ... vieux jeu, toujours très classique. Mais quelle énergie ! Quelle énergie donnent les acteurs dans ce vaudeville qui prend dans cette mise en scène une dimension désespérée et même un peu rock/tzigane par l'univers musical qui apparaît parfois. Au final j'ai énormément ri, et les quelques 2h40 sont passés à une vitesse incroyable, tant j'étais pris dans l'intrigue de ce pauvre jeune marié au coeur d'une situation complexe et abracadabrantesque. J'en suis ressorti comblé, heureux et avec l'envie d'y retourner au plus vite !

(c) Tom - La Voix Photographique

Et un petit voyage à Londres. Et j'ai vu The Globe, le théâtre de Shakespeare. Et mon coeur de jeune comédien a battu d'émotion. Et mes yeux ont bu tout cela, assoiffés de ne rien rater.
(c) Tom - La Voix Photographique

Le Misanthrope de Molière - Jean-François Sivadier ~ THÉÂTRE
Étonnement du spectateur à son entrée dans la salle. Petit moment d'émerveillement. Sur la scène, entièrement dégagée de ses rideaux et pendrillons, il y a des assemblages insolites et surprenants de chaises, il y a des petits bouts de papier noirs éparpillés partout, il y a un ou deux meubles ici et là, et des chaises qui s'entassent un peu partout. Le début de la pièce n'en est pas moins surprenant quand Alceste débarque et se déchaîne sur les Clash. Un moment inédit d'un bout à l'autre du spectacle, un moment intense et énergique, avec des images superbes et un Misanthrope amer et touchant. Créatif, talentueux, dynamique, je ne suis pourtant pas sorti de ce Misanthrope véritablement marqué, enchanté ou ému, sans arriver à comprendre pourquoi.



S'embrasent de Luc Tartar - Eric Jean ~ THÉÂTRE
Dernier spectacle pour mon groupe de théâtre et moi ... petit moment d'émotion. Et quel beau point final, quelle belle apothéose ! Dans la salle du théâtre, pour une séance scolaire, l'ambiance est au rendez-vous. Que le spectacle commence ! C'est l'histoire d'un baiser, des lycéens témoins, la jalousie, l'émerveillement et l'élan, la force, le feu de cet amour qui irradie tout. C'est l'histoire d'une vieille femme qui, de la fenêtre de sa maison, en face du lycée, les observe. C'est un texte bouleversant et superbe. C'est un jeu intense et prenant et poignant. Ce sont des voix québécoises magnifiques qui transportent à eux seuls cette histoire comme un ouragan d'émotion. Il est difficile de mettre des mots sur cet océan de voix, de mots, et de sentiments.


Azimut d'Aurélien Bory - avec le groupe acrobatique de Tanger ~ ARTS DE LA PISTE
Azimut est un spectacle réellement étonnant. C'est entre danse et arts de la piste. C'est inclassable. Les corps de ces artistes s'animent sur scène. On a l'impression de voir naître et mourir. On a l'impression de voir différents mondes. On se crée sa propre histoire dans les images du spectacle. C'est un jeu d'ombres et de lumières. Ce sont des hommes qui grimpent, escaladent, volent, voltigent. 1h qui passe rapidement dans les yeux étonnés et captivés du spectateur. Original, sombre, insolite. Une esthétique très particulière, en tout cas d'un grand talent, mais à laquelle on n'accroche pas forcément. Moi, ça a marché.



 

 J'espère ne rien oublier. Et j'espère avoir encore l'année prochaine l'occasion d'aller quelques fois au théâtre. Bel été à vous, et continuez à vous étonner au théâtre ...


Rideau !

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